Librairie A Titre d'Aile
L'intervention de l’IFCIC a stimulé le dialogue avec notre banque et pérennisé nos rapports.
Carole Ohana et Cédric Chaffard, Libraires
Q. Carole et Cédric, pouvez-vous nous présenter la librairie A Titre d’Ailes ?
R. A Titre d’Aile est une librairie spécialisée jeunesse implantée depuis mai 2006 sur les pentes de la Croix Rousse, à Lyon. Avant cette création, nous étions tous les deux éducateurs et le projet comporte une dimension sociale : l’animation d’A Titre d’Aile s’efforce d’attirer tous les jeunes publics pour donner accès aux livres à ceux qui n’osent pas pousser la porte d’une librairie. Nous sommes fiers de constater que cette démarche fonctionne ; notre librairie s’est vite affirmée comme l’un des lieux de vie du quartier. Depuis trois ans, A Titre d’Aile bénéficie du label LIR (Librairie Indépendante de Référence). Elle réalise aujourd'hui un chiffre d’affaires de plus de 300 K€..
Q. Quels sont les besoins de financement d’une librairie comme la vôtre ?
R. Tout d’abord, il y a eu la création. Nous n’avions pas de fonds propres, si ce n’est un peu d’argent emprunté à des proches, et pas de ressources, ayant tous deux démissionnés de nos emplois ! Dans ce contexte, nous avons essuyé des refus de toutes les banques sollicitées… Un établissement spécialisé dans la finance solidaire a finalement été convaincu par l’aspect social de notre projet et nous a octroyé le crédit nous permettant d’ouvrir la librairie. Malgré un démarrage rapide de l’activité, notre trésorerie a été immédiatement tendue : nous avions utilisé tout l’argent du prêt dans les travaux et devions nous verser des salaires, n’ayant pas d’autre ressource… Heureusement, nous avons alors bénéficié d’une bourse de la fondation Hachette qui a un peu compensé notre manque de fonds propres. Nous avons également été soutenus par l’ADELC, la DRAC et le CNL.
Suite à l’ouverture de la librairie, le besoin récurrent lié au cycle d’exploitation, du fait de l’alternance de périodes de fortes ventes et de périodes de reconstitution des stocks avec une activité commerciale réduite, n’a fait que grandir à mesure du développement du chiffre d’affaires et des ventes aux collectivités, qui bénéficient de délais de paiement.
Q. Comment se sont positionnées les banques traditionnelles face à ce besoin ?
R. Etant donné le sous-financement de démarrage, nous avons immédiatement été « dans le rouge ». Cela n’a pas aidé les rapports avec notre banque de flux : rejets de lettres de change, frais financiers très lourds qui grèvent encore la trésorerie, etc. Le dialogue s’est amélioré lorsque nous avons changé d’interlocuteur pour quelqu’un connaissant mieux le métier de libraire. Cependant, la situation est devenue de nouveau très compliquée à la fin de l’année dernière, alors que le chiffre d’affaires de la librairie augmentait de près de 30%.
Q. Comment avez-vous connu l’IFCIC ?
R. Nous nous sommes présentés à la DRAC pour leur faire part de ces difficultés. Le conseiller nous a spontanément recommandé de nous rapprocher de l’IFCIC, qui venait de mettre en place le fonds d’avances de trésorerie aux librairies indépendantes (FALIB).
Q. Quelles ont été les solutions mises en place avec l’intervention de l’IFCIC ?
R. Nous avons d’abord identifié les mesures nous permettant de limiter les coûts d’exploitation de la librairie et notre besoin en trésorerie, notamment grâce à une meilleure gestion des stocks. Il nous fallait viabiliser la situation financière. Le formulaire électronique de demande d’avance FALIB nous a permis de chiffrer et d’anticiper nos besoins. Nous avons ainsi pris un peu de recul, ce qui n’est pas si fréquent.
Le résultat de la demande est très positif. L’IFCIC a mis en place une avance de trésorerie couvrant environ la moitié du besoin. En complément, grâce à la garantie bancaire de l’IFCIC à hauteur de 70%, nous avons obtenu un crédit confirmé de notre banque, qui s’est donc révélée plus que constructive !
Q. Recommanderiez-vous à vos confrères de vous rapprocher de l’IFCIC et pourquoi ?
R. Absolument. Nous sommes convaincus que les échanges avec l’IFCIC ont rassuré la banque sur les perspectives de la librairie et lui ont fait prendre mieux conscience de la nature de nos besoins, qui sont saisonniers. Le rôle et la position de l’IFCIC, établissement de crédit parlant le même langage que les banques et comprenant nos enjeux, a été, dans ce contexte, déterminant. Loin de la désengager, l’intervention de l’IFCIC a stimulé le dialogue avec notre banque et pérennisé nos rapports.